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27.08.2008 | 14:06
François Chérèque (Sipa)
Le secrétaire général de
la CFDT, François Chérèque, affirme que Nicolas Sarkozy a envisagé une loi
d'amnistie pour les bénéficiaires des financements occultes de l'UIMM (patronat
de la métallurgie), dans un livre à paraître début septembre, dont L'Express
publie des extraits dans son numéro du jeudi 28 août.
Dans cet ouvrage intitulé "Si on me cherche" (Albin Michel), François
Chérèque rapporte différentes conversations avec le chef de l'Etat, notamment
en avril 2004 sur la privatisation partielle d'EDF-GDF, mais aussi, le 26
octobre 2007, un mois après la révélation d'importants retraits d'argent
liquide sur des comptes de l'UIMM entre 2000 et 2007. L'enquête est toujours en
cours et neuf personnes sont mises en examen.
Chérèque "choqué"
Ce jour-là, écrit François Chérèque, Nicolas Sarkozy "me dit : 'Bien
entendu, il faudra en passer par une loi d'amnistie, comme ça a été le cas pour
les hommes politiques avant la loi sur le financement public des partis'".
François Chérèque comprend alors que le président de la République "lui
tend la perche au cas où la CFDT aurait pu déraper". Le leader CFDT
"imagine aussi" que Nicolas Sarkozy "ne doit pas être sans
savoir que cette caisse de l'UIMM a servi à rémunérer des hommes politiques
pour bons et loyaux services".
Le conseiller social du président, Raymond Soubie, présent lors de l'entretien,
enfonce le clou et laisse entendre que le nom d'un militant de la CFDT pourrait
apparaître dans l'affaire.
Le secrétaire général de la CFDT, "choqué", raconte avoir
"estomaqué" ses deux interlocuteurs élyséens en répondant que pour
lui, "une amnistie était évidemment impensable" et même "si par
malheur il y avait eu des dérives individuelles, la justice passerait".
"Deal" avec Sarkozy
Dans son livre, François Chérèque égratigne aussi la fédération CGT de
l'énergie en affirmant qu'elle accepté "un deal" avec Nicolas Sarkozy
sur la privatisation partielle d'EDF-GDF que lui même avait refusé.
Nicolas Sarkozy était alors ministre des Finances et il proposait à la CFDT,
selon son secrétaire général, de "s'entendre sur l'ouverture du
capital" du groupe public.
Tutoyant le leader de la CFDT, surpris de ce ton familier, et l'appelant
"François", Nicolas Sarkozy lui avait expliqué que "la CFDT
pourrait lui demander ce qu'elle voulait, en échange d'un soutien sur ce
dossier", sous-entendu des efforts en termes de salaire et de statut pour
les salariés d'EDF-GDF, rapporte-t-il.
"Ce deal qu'il me proposait en 2004, il a fini par le passer avec la
fédération CGT de l'énergie dont il tutoie le leader", affirme François
Chérèque.